Etape 16 : Figeac - Les Bedigas

Une journée originale....

Nous quittons notre roulotte et sortons du camping, direction un salon de thé pour notre petit déjeuner. A Figeac nous faisons nos emplettes pour ce midi. 

Nous marchons sur le GR65, nos yeux sont maintenant exercés à rechercher sur tous types de supports un trait rouge surplombé d'un trait blanc, notre cerveau, lui est devenu expert en repérage de flèches initiant un changement de direction.

Le balisage est très bien organisé sur le Gr65, il ne s'agirait pas de perdre des pélerins si cela se savait il est fort à craindre que la réputation locale en prendrait un coup, ce qui serait préjudiciable tant l'économie locale repose sur le chemin!

Alors, investissement massifs de peintures blanches et rouges pour dessiner les repères  sur tous les supports : arbres, poteaux, mur, muret, pierres....

Nous sommes fières, d'une part d'avoir suivi ce balisage sans erreur et d'autres part, d'avoir sauver ( le mot est peut être un peu fort ?) des pélerins trop bavards qui avaient, eux, raté un changement de direction. Bavarde on l'est un peu.... Bon,OK, beaucoup... mais nous avons scrupuleusement suivi le conseil des grands sages : "restez attentives et concentrées dès qu'un croisement arrive". 

A tous ceux qui avaient prévu que l'on se perdre... et bien....c'est pas raté, patience je vous explique.

Aujourd'hui, toujours à cause de nos difficultés à nous loger, nous devons quitter le chemin.... Notre cerveau trop habitué au rouge et blanc en a décidé autrement et c'est un peu trop loin que nous nous rendons compte de notre erreur.... nous ferons 6km de détours, pas grave c'était une petite étape cela nous plaît de tant de marcher que nous le prenons à la rigolade! Allez il fallait bien que cela nous arrive....

Demain,  c'est notre dernière étape, la nostalgie plane déjà en cette fin de journée.  Le chemin parcouru se compte en km, certes, mais aussi en retours intérieurs, en pensées profondes, en émotions, en ressentis, en rencontres, en souvenirs, en rires, en sueur....

Demain nous franchirons la barre des 300 km parcourus, nous sommes fières d'avoir accompli ce challenge, d'avoir tenu malgré la douleur, la fatigue..

Si je suis contente d'avoir atteind mon objectif, je suis également inquiète d'un retour dans ma vie, la réalité, l'actualité...

Depuis le 8 mai, pas de journaux, pas de télé, pas d'information : une réelle coupure pour du calme, de la nature, et l'écoute de soi.

La temporalité de mes journées a aucune comparaison possible avec l'avant.

Quand vous marchez, vous avez le temps de voir les choses, d'observer, d'analyser. Le cerveau n'est pas sollicité par de multiples informations concomitantes n'ayant pas forcement de liens entre elles mais qui nécessitent néanmoins  un traitement simultané. 

Le cerveau se met au rythme de nos pas et ici on observe le monde dans sa globalité, on marche, on contemple et on n'a pas de décision à prendre, juste suivre.

Le pèlerin est sur le chemin toute la journée durant et le soir rejoins son logis ou il sera accueilli selon des codes immuables : la boisson fraiche; la présentation de la chambrée.  Le choix le plus complexe, voir crucial, de la journée du pèlerin sera de choisir son lit, 2 enjeux majeurs à prendre en compte : être le plus loin possibles des ronfleurs et le plus prêt possible d'une prise de courant !

Le soir le repas sera servi, pas de choix encore une fois....quelquefois des déconvenues mais pas le choix.

Vous comprendrez alors l'inquiétude qui nous taraudent Marie et moi face à notre retour proche dans une nouvelle réalité ?

C'est décidé demain nous profiterons au maximum de chaque instant, aujourd'hui je sais a quel point ils sont précieux.